jeudi 1 mai 2008

Mon royaume pour la tête à Toto

Je viens clamer mon innocence. C'est pas de ma faute. On ne choisit pas ses amours, ce sont elles qui viennent sournoisement nous habiter un jour, alors même que nous ne les avions pas sonnées. Jusque là rien de rare : Cupidon aux yeux bandés est une vieille histoire qui n'est pas née du dernier film romantique. En revanche, je ne m'explique pas qu'un phénomène aussi adolescent que la midinette attitude vienne frapper haut et fort à mon âge vénérable. De surcroît, l'objet de mon trouble n'est pas avouable, ou comment admettre qu'à 35 balais on écoute de la daube le sourire aux lèvres alors qu'on se réclame du jazz et de la grande chanson française ? Oh, je vous vois venir me secouer : "On peut bien écouter Brassens pour les textes et Madonna pour s'agiter sur les pistes, rien d'incompatible... C'est quoi ce complexe à deux balles que tu nous fais ?!". Ok... Vous vous souvenez de ce sketch des Nuls où l'on voit le pauvre Bruce Banner se transformer en Hulk parce qu'il n'arrive pas à ouvrir sa brique de lait ? Je vous parle bien d'une métamorphose de cet acabit, involontaire, immédiate et foudroyante. Sitôt que mes oreilles captent les mélodies gnangnan de ce chanteur de charme sans grande originalité, me voilà midinette de base, entortillant mes cheveux et soupirant en rythme. Las ! En écrivant cela ma fan-clubette s'agite et s'énerve toute seule : "Comment oses-tu parler ainsi de ce génie, espèce de vieille intello d'opérette ?!". La musique est censée adoucir les moeurs, moi elle me colle plutôt de schizophréniques complexes. Vous l'avez compris, j'attends comme le messie le jour où je pourrai agiter un briquet en piétinant mes voisines tout en hurlant "je t'aiiiiiiiiime" à mon obscur objet du désir. Vous croyez que je vais vous dire de qui il s'agit ? Tatataaa, c'est méconnaître ma couardise absolue en la matière (où mon goût pour me faire prier des heures durant). Et d'abord je vous demanderai ceci : assumez-vous tout ce que vous avez planqué dans votre I-Pod ? Vous arrive-t-il, dans les transports en commun, de baisser le volume parce que vous craignez tout à coup que le voisin entende ce que vous écoutez ? Si oui alors unissons-nous, soeurs de vergogne, le temps des confessions est arrivé ! Si quelqu'un peut déclarer ici "Non, Marie-Georges, tu n'es pas seule !", j'avouerai qui, losque je le vois sussurer sur Youtube, me donne cette furieuse envie d'être réincarnée en gros micro tout jaune.

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