dimanche 1 juin 2008

Le feu aux poudres (détergentes)

Je ne suis pas peu fière. Je dirais même que la suffisance me gagne. Pourtant, adossée en plein soleil à la vitrine de la laverie ce matin, ça avait mal commencé. D'un tour de pouce, j'avais ordonné à l'i-pod de m'injecter Brassens dans les conduits. Tandis que tournaient les tambours, le mien se serrait à l'écoute d' Il n'y a pas d'amour heureux. Le soleil battait le bitume d'une rue aux passants absents. Ayant horreur du vide, mon esprit gémit, non sans bouillir : "Peut-être surgira-t-il au carrefour, ce salaud".
Je ne saurais pas quoi lui dire, juste bonjour et surtout pas : ça va ? Je ne voudrais pas savoir. Encore moins subir une réponse rapide suivie d'un "et toi" n'attendant pas la mienne. Il serait incapable de m'expliquer qu'il ne veut pas me parler ni me voir ou qu'il s'en fout, alors il prendrait vite un air dépourvu d'intérêt envers mes propos, espérant ainsi interrompre le début de conversation que j'aurais déjà échafaudé malgré moi. Car non, je n'aurais pas pu m'empêcher de parler, avec une platitude à faire pâlir de jalousie un verre d'eau du robinet, de mon-linge-que-je-lave-à-la-laverie-puis-qui-sèche-dans-le-sèche-linge-et-que-j'attends-au-soleil-parce-qu'il-fait-beau. Submergée par l'émotion, j'aurais aligné les mots creux comme les nouilles d'un collier de fête des mères.
Incapable, oui. A une époque, il me disait que je devais me douter. Il ne fallait pas que j'attende une quelconque sincérité, lui serait toujours aimable, c'est comme ça, c'est la politesse, mais s'il n'avait pas envie de me parler eh bien je pouvais m'en douter. Il aurait semé suffisamment d'indices. Il aurait le laconisme révélateur, l'allusion non verbale généreuse, l'absence parlante. Beau spécimen de couard fier dont je m'étais entichée un jour sans comprendre.
"Tous des lâches", continuai-je, désormais sourde au malheur de Georges. Je rentrai jeter un oeil au tourbillon de mes culottes. Il faisait humide au milieu de cette chaleur qui sentait le propre. Dans la lumière, la poudre et les carreaux plus blancs que blancs, mon humeur faisait tache.

6 commentaires:

Anonyme a dit…

en même temps, dimanche plus pluie plus lessive ça fait déjà beaucoup pour un moral normalement constitué.

Au fait j'y pense, souviens toi d'annie qui sait celui qui en vaudra la peine pourrait venir par le blog ...

Bon je sais ça fait mystérieux pour les autres mais après je me fait effacer par l'administrateur du blog :D

En tout cas bien contente que d'autres reconnaissent enfin ton talent, ton humour et tout ça. Qui sait à force de l'entendre ....

Marie-Georges a dit…

Annie se marie ave Archibald et ne l'a pas du tout rencontré par Internet :P

Anonyme a dit…

Punaise, c'que c'est bien écrit... Je suis JA-LOUSE!!

Dorham a dit…

On s'entiche toujours des "mauvais(es)", c'est comme ça. Et puis un jour, on fait mieux que s'enticher...(enfin, dans le meilleur des cas, je te l'accorde)

Marie-Georges a dit…

Pépite, contente que ça te plaise parce que moi je me disais qu'il y a des petites choses qui me chagrinent (formellement) dans ce texte. Bon mais bref.
Bonjour Dorham ! Je suis pendue à ton début d'histoire, ça finit comment ? Toi aussi tu connais les frères Grimm ?! :D

Anonyme a dit…

Un jour les lâches cèderont la place à un responsable et adorable amant. Il suffit d'un seul au milieu de tas de cons (sorry pour les cons).