Tous les matins c'est pareil.
Coups de sifflet à 6h30 : il faut se lever. Le vieux moniteur chauve, en short et chaussures de foot, est en pleine forme. Il passe dans les couloirs en nous vrillant les oreilles. Je me demande si c'est le sifflet qui le rend aussi jovial.
Nous avons une vingtaine de minutes pour nous bousculer aux toilettes et enfiler une tenue de jogging.
J'ai mal dormi. Je suis tombée de mon lit superposé en pleine nuit. Je me suis réveillée au moment où la chaise qui sert de chevet à ma voisine du dessous était à deux doigts de ma tête. En grimpant à tâtons sur la petite échelle métallique pour regagner ma couche, j'ai entendu la monitrice étouffer un rire sous ses draps.
On se dépêche, vite, un tee-shirt, un jogging, vite, tous en bas.
Il fait déjà chaud. Le parc sent le pin séché et l'abricot. On part à petite foulée. Je m'arrête de courir chaque fois que je passe derrière un bosquet. Le verger et le bois que nous traversons regorgent de planques.
Après le petit-déjeuner et la douche, c'est danse pour nous. Le troupeau de garçons se dirige vers le terrain de foot."Vous allez choisir une plante dans le parc et essayer de l'imiter". Ô chance, l'occasion de me cacher encore !
En basket, je fais comme à l'école. Je joue à marcher comme une funambule sur la ligne qui délimite le terrain ; je ne m'occupe pas de ce qui se passe dedans.
Je saisis toute opportunité de fuir. Je suis volontaire pour aller remplir les gourdes. Je traverse l'allée bordée de quelques rosiers un peu secs. Je trottine jusqu'au bâtiment avec les bouteilles, partagée entre l'envie de flâner et celle de mener à bien ma mission afin de conserver ce précieux rôle. En revenant, je cherche une nouvelle idée pour m'échapper.
Ce midi, le menu annonce une paella. Dans le plat en inox, des grains de riz flottent dans un liquide brun. Au goût, on sent bien l'eau du riz. Je savais pas que c'était ça, la vraie paella.
Quand l'heure de la piscine arrive, je désespère. Impossible de lézarder, les moniteurs font tout pour que nous nous activions d'une manière ou d'une autre. Je reste à barboter là où j'ai pied pour leur faire plaisir.
Ils sont ridicules. Il y a le blondinet à moustache. C'est le beau gosse de l'équipe. Je le déteste. C'est lui qui a dit devant mon père que je ne serais pas obligée de jouer au basket. Tu parles !
Ils sont ridicules. Il y a le blondinet à moustache. C'est le beau gosse de l'équipe. Je le déteste. C'est lui qui a dit devant mon père que je ne serais pas obligée de jouer au basket. Tu parles !
A la piscine, il adore jouer avec les grandes de quatorze ans. Surtout celle qui a un maillot blanc qui devient transparent une fois mouillé. Il l'enlace lorsqu'elle sort de l'eau. Elle rit d'un air pas dupe et lui demande pourquoi il fait ça. Il marmonne "hein", les yeux rivés sur sa poitrine. Le deuxième moniteur est aussi minable, mais dans un autre genre. Il a l'air d'admirer le beau et de vouloir l'épater. Il est brun, les cheveux en brosse et a de toutes petites jambes; on dirait des saucisses cocktail. Il marche les bras arqués, entendez : par excès musculaire. Quand il plonge, il se cambre dans le mauvais sens et fait des soubresauts de carpe avant d'entrer dans l'eau. Puis il sort et actionne ses saucisses afin de vite retourner au plongeoir.
Je me demande comment elles ont fait, les trois évadées. Je cherche par quelle fenêtre elles ont bien pu sortir. En tout cas à l'heure qu'il est personne ne les oblige à bouger dans l'eau après une journée de torture.
Le soir, une annonce : "Demain nous irons faire du cheval."
Misère...
"Nous irons dans une colonie qui possède une écurie, à Bisbal".
Oh ! La colo de ma copine !
Je passe un moment dans mon lit à fixer le plafond et ses constellations de moustiques écrasés. Demain je me roulerai par terre jusqu'à ce qu'ils me laissent rendre visite à ma copine. Je m'endors vite. La nuit, je tombe encore.
Je me demande comment elles ont fait, les trois évadées. Je cherche par quelle fenêtre elles ont bien pu sortir. En tout cas à l'heure qu'il est personne ne les oblige à bouger dans l'eau après une journée de torture.
Le soir, une annonce : "Demain nous irons faire du cheval."
Misère...
"Nous irons dans une colonie qui possède une écurie, à Bisbal".
Oh ! La colo de ma copine !
Je passe un moment dans mon lit à fixer le plafond et ses constellations de moustiques écrasés. Demain je me roulerai par terre jusqu'à ce qu'ils me laissent rendre visite à ma copine. Je m'endors vite. La nuit, je tombe encore.
18 commentaires:
Mar(the)ie
L'Art, est-ce l'arrêt ?
hihihi,
mettre ton texte en parallèle avec celui de Nefisa sur l'animateur et la colon de cet été, est rigolo
C'est qui l'andouille qui ricane bêtement, ci-dessus ?
Tiens, on devrait lancer une chaîne sur les colos. Je pourrais raconter la fois où la foudre est tombée sur le piquet de la tente où je me trouvais et comment une pomme de terre m'a sauvé la vie...
Sinon, vous lisant, j'ai repensé à mes propres impressions de colonies (quatre ans de suite, si ma mémoire est bonne...) et je n'arrive pas à démêler s'ils sont bons ou mauvais.
Didier,
Les patates sur les piquets ne sont pas là pour empêcher la foudre mais pour empêcher l'eau de rentrer par les trous.
D'un autre côté, il n'y a qu'une patate qui puisse vous sauver la vie.
trés bonne idée ça une chaîne sur les colonies !
(une andouille)
Un souvenir...Mes parents avaient déboursé une somme astronomique en m'envoyant en colo Club Med afin que je me dégourdisse un peu...à l'époque n'aimais déjà pas les groupes...j'y avais trouvé une compagne d'infortune (un peu hystérique) avec laquelle ts les jours à la même heure on se retrouvait pour s'entrainer à pleurer dans notre chambre...après avoir détesté j'y ai été animatrice, tiens un peu comme avec l'enseignement ...
Encore un peu et les commentateurs (trices) vont nous raconter comment ils (elles) ont été déniaisés.
La tension monte.
Vous avez vu « Full Metal Jacket » ?
;-)
j'espère bien que tu vas réussir à la voir...
Elles sont tout de même luxueuses ces colonies où l'on dispose de piscine, terrains de basket, écuries…, quand nous en étions réduits à la bicyclette ou la marche à pied, et aux canons plus ou moins harmonieux autour des feux de camp.
Je me demande si vous allez la retrouver ou non, votre copine?
Les canons où l'on doit s'abattre..
Simon Gaetan,
En tout cas demain j'arrête :))
Gaël,
Ah oui ? Je veux le lien !
Nicolas,
Parle pas d'andouille ça me donne faim.
Didier Goux,
Oui, bonne idée ! C'est un sujet qui inspire pas mal de monde j'ai l'impression. A vos claviers ! Sinon je vous tague à la fin de mes épisodes...
Nicolas,
Instructif ! Tu as été scout ? :))
Gaël,
Oui et on fera en sorte qu'elle passe par toi O:-)
Géraldine,
Ah oui, une façon radicale de gérer ses traumatismes, prendre la place des bourreaux de naguère !
Nicolas,
A toi l'honneur :))
Comme une image,
Tu trouves ? Quel suspens en effet :)) En tout cas j'aurais été très mal dans le camp d'entraînement qu'on voit au début du film :S
Charlemagnet,
Prochain épisode... Merci d'être de tout coeur avec moi ;)
Le coucou,
Oui ! C'est drôle mais je m'en rends compte en écrivant. Je ne sais si le souvenir embellit le cadre, mais nous avions un parc assez immense à disposition, avec piscine, terrains, verger, bois...
Simon Gaetan,
Tu pars en guerre aussi ?
(Dites, il y a un passionné de basket-ball qui veut être mon ami sur Facebook, vous croyez qu'il lit mon blog ?)
en grève de blog aussi, le 29 janvier??
Fab-Fab,
Oui. Regarde ici
:)
J'aime beaucoup ce récit! Tu es certaine que c'était les VACANCES????
(suite)
je me suis engagé dans la légion...
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