Picasso, la nageuse, 1929
Je me sens bizarre et j'ai encore perdu ma notice, c'est pénible ; je voudrais juste vérifier un truc au chapitre "effets indésirables". Ah, la voilà.
"Qu'est-ce que LA VIE NORMALE et dans quels cas l'utiliser ?"
Bon ça je sais. La vie normale, ça se prend avant chaque sortie et ça sert à avoir l'air comme les autres.
"Quels sont les effets indésirables éventuels ?
Comme toutes les formes de vie, LA VIE NORMALE est susceptible d'avoir des effets indésirables, bien que tout le monde n'y soit pas sujet :
- poussée d'air renfrogné sur le visage ;
- akathisie en période de vacances, parfois associée à une apathie au travail ;
- bavardages internes aggravés avec accroissement du débit aux heures de repos ;
- visites d'anciennes connaissances non souhaitées voire gênantes."
Me voici soulagée : les tous récents événements du dedans de moi ne seraient pas pathologiques mais semblent consécutifs à mon nouveau traitement. Ce dernier est heureusement aisé à suivre : rien le matin, rien le midi, rien le soir, et tout ça trois fois par jour.
Depuis que j'ai commencé, je me sens comme Perrette et son pot aux roses, la tête surmontée d'une outre débordant d'idées brunâtres. J'essaie de filer droit pour éviter l'écoulement intempestif du liquide sombre et haut parlant. J'ai en effet le verbe interne abondant. Qu'est-ce que ça cause là-dedans ! Ma cure précédente, à base de sourdines de l'esprit en poudre, m'avait fait oublier cet élément constitutif du moi mal vissé.
Ne pas déprimer, c'est donc avoir une tête qui la boucle et se tient droite en attendant les consignes. Hé bien il était temps que j'arrête. J'étais en train de perdre des amis de toujours : le boxeur nocturne, le chansonnier phobique, le brodeur de scenarii outrés, la cantatrice miséreuse, le conteur d'histoires à veiller couché, la vendeuse de crayons déminés, le rémouleur de nerfs, l'éplucheuse des sens, que ferais-je sans eux ?
Aujourd'hui, cela fait une semaine que les derniers débris de joie chimique se sont dilués dans mes veines. Depuis lors, grisée par nos retrouvailles, encastrée dans le mou strapontin du moi-même, je contemple d'un œil attendri ma troupe d'infortune qui a repris place sur la grande scène cérébrale illuminée pour l'occasion, en attendant l'overdose.
"Qu'est-ce que LA VIE NORMALE et dans quels cas l'utiliser ?"
Bon ça je sais. La vie normale, ça se prend avant chaque sortie et ça sert à avoir l'air comme les autres.
"Quels sont les effets indésirables éventuels ?
Comme toutes les formes de vie, LA VIE NORMALE est susceptible d'avoir des effets indésirables, bien que tout le monde n'y soit pas sujet :
- poussée d'air renfrogné sur le visage ;
- akathisie en période de vacances, parfois associée à une apathie au travail ;
- bavardages internes aggravés avec accroissement du débit aux heures de repos ;
- visites d'anciennes connaissances non souhaitées voire gênantes."
Me voici soulagée : les tous récents événements du dedans de moi ne seraient pas pathologiques mais semblent consécutifs à mon nouveau traitement. Ce dernier est heureusement aisé à suivre : rien le matin, rien le midi, rien le soir, et tout ça trois fois par jour.
Depuis que j'ai commencé, je me sens comme Perrette et son pot aux roses, la tête surmontée d'une outre débordant d'idées brunâtres. J'essaie de filer droit pour éviter l'écoulement intempestif du liquide sombre et haut parlant. J'ai en effet le verbe interne abondant. Qu'est-ce que ça cause là-dedans ! Ma cure précédente, à base de sourdines de l'esprit en poudre, m'avait fait oublier cet élément constitutif du moi mal vissé.
Ne pas déprimer, c'est donc avoir une tête qui la boucle et se tient droite en attendant les consignes. Hé bien il était temps que j'arrête. J'étais en train de perdre des amis de toujours : le boxeur nocturne, le chansonnier phobique, le brodeur de scenarii outrés, la cantatrice miséreuse, le conteur d'histoires à veiller couché, la vendeuse de crayons déminés, le rémouleur de nerfs, l'éplucheuse des sens, que ferais-je sans eux ?
Aujourd'hui, cela fait une semaine que les derniers débris de joie chimique se sont dilués dans mes veines. Depuis lors, grisée par nos retrouvailles, encastrée dans le mou strapontin du moi-même, je contemple d'un œil attendri ma troupe d'infortune qui a repris place sur la grande scène cérébrale illuminée pour l'occasion, en attendant l'overdose.
10 commentaires:
Et à part ça, tout baigne ?
(Et je trouve charmant de devoir taper "gulski" dans le modérateur : ce doit être une sorte de goux polak ou russkof...)
C'est pas un modérateur mais un vérificateur, gros con !
Oh, ça va, tout le monde a le droit d'être distrait, non ?
En somme, vous revenez en plein forme? Dire que je prenais de la Vie Normale à l'insu de mon plein gré! Je vais essayer de décrocher, tiens.
super, enfin de tes mots qui soulagent mes maux... bon ben y a pas, c'est encore mieux que la dernière fois... j'ai pas tout compris mais je vais relire... suis toute contente de te lire à nouveau !
ça me donnerait presque le punch pour m'y remettre, tiens...
allez, j'en reprends un peu.
bien des bises en attendant.
Tout d'abord un grand merci à vous, je vois que certain-e-s sont toujours au taquet ! J'ai même l'impression que vous avez lu cet indigeste billet, alors là bravo.
Didier,
Belle illustration du moi sécable ! Je vais bien merci (et mes névroses itou). Désolée d'avoir réveillé votre moi irritable avec mon vérificateur, mais même en période d'hibernation ce blog traîne des ribambelles de spams... Cela dit oui, "gulski" ça me rappelle mes vacances moscovites et c'est mieux que "cretins" que j'eus récemment le plaisir d'épeler au détour d'un blog.
Le Coucou,
Oui ! Faites attention, la vie nuit gravement à la santé, dit-on.
Maouezig,
C'est bien la première fois que je commets un billet médicinal... Tant mieux si ça soulage voire donne envie d'écrire ! Sinon, moi non plus, je n'ai pas tout compris. Et ce n'est pas moi qui vais te tancer sur des questions de fréquence de publication.
Trop heureuse de retrouver ta poésie! Moi aussi j'ai parfois l'impression de vivre en play-back et de ne pas adhérer à moi-même. Toi tu as la chance et le don d'y coller des mots comme un voile transparent qui rend supportable et même désirable cette bizarrerie ! Encore le voile! oh non!
Zabé,
Hélas, je ne peux mettre ici le voile de Parrhasios qui illustrerait idéalement tes propos. C'est une de mes peintures préférées mais elle n'existe pas (après, on s'étonne que j'aie des problèmes).
welcome back, long time no see...
Pas de médoc, c'est pas mal... mais t'as arrêté cold turkey, ou graduellement ?
Sinon, tu peux aussi demander au docteur un traitement à usage ponctuel, quand la cantatrice dingue débite des conneries trop tard et trop fort.
Pas du tout indigeste ce billet. Qui plus est vous réécrivez, qui s'en plaindra ?
Siestacorda,
Nice 2 see U again... Non, pas cold turkey (you've got me on the run, je ne peux pas ne pas la faire celle-là !), c'est très déconseillé avec ce genre de trucs. L'Effexor, ça s'appelle, et y'a une belle littérature sur le net, avec les témoignages de sevrages, ouh, je lis ça comme des contes fantastiques avant de dormir.
Marcus K7,
Hé bien alors euh dans ce cas... merci :)
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