J'en avais déjà causé à mon psy : je déteste ça. Au détour d'une conversation, je tombe de la toute dernière pluie grâce à des gens qui découvrent en moi un public privilégié pour leur prose de sachants. Non, pas les savants, au contraire : les sachants sont ceux qui entreprennent de vous apprendre uniquement ce que vous savez. Ils m'énervent. Tenez, un exemple dans le dialogue tout bête que voici, avec mon petit ami d'il y a quelques années :
(lui) - "(...) C'était une maison avec un grand toit - tu sais, le truc qui couvre les maisons au-dessus des murs - vraiment bien située et...
(moi) - C'est quoi une maison ?
(lui) - Hein ?
(moi, doigt pointé vers lui) - Ne fais pas l'innocent ! Tu viens de m'expliquer ce qu'était un toit ! "
Je fis la tête jusqu'à ce qu'il trouve une raison valable pour expliquer ce qui pouvait lui faire penser qu'à 30 ans j'ignorais tout du mot "toit".
C'est même pas pour ça que depuis je l'ai quitté.
Ces temps-ci, mon état de sachantophobe s'aggrave. Les objets s'y mettent. Oui je sais, j'avais déjà hurlé ici à quel point un emballage explicitant, schéma à l'appui, comment découper un pain au lait en deux m'avait un jour laissée perplexe. Je l'avoue : la vue d'un dessin représentant un pain au lait avec deux flèches, montrant les directions contradictoires des forces qu'il s'agit d'opérer sur ladite viennoiserie afin de la scinder en deux parties tartinables, m'angoisse.
C'est même pas pour ça que depuis je mange des céréales.
Remarquez, quand je lis sur leur emballage "Chez Machin, nous pensons que nous devons à la nature autant que nous lui prenons", mon esprit divague vers de drôles de scénarios où, après avoir ingurgité mon bol de céréales complètes "avec de vraies fraises" même pas en plastique (oui, c'est écrit en gros), je pars me flinguer au milieu d'un champ de blé afin de faire don de mon cadavre à la nature grouillante et lui exprimer ainsi une gratitude équitable.
C'est même pas pour ça qu'hier j'ai pris le métro.
Horreur : après avoir été accueillie au son de l'inénarrable slogan "Attentifs ensemble : attention, votre voisin est peut-être en train de vous piquer votre téléphone portable. Be carefull please, your neighbourg may be your ennemy. Achtung, etc.", je fus agressée par un sticker posé sur la vitre de mon wagon.
Le serinage auditif sur la dangerosité des lieux, ça a encore un côté jeu télé : lors des diffusions, on s'observe tous durant deux secondes avant de baisser les yeux, limite déçus de pas avoir trouvé où se cache Charlie le pickpocket. Mais le conseil imprimé en rose et blanc sur un autocollant en forme de bulle de bande dessinée pour signifier que oui, on est en train de nous causer, pitié ! Voici la réflexion philosophique que je pus y lire : "Préparer ma sortie facilite ma descente".
Au début j'ai pensé à Nicolas qui doit certainement préparer ses sorties à la comète. On dit que boire une cuillérée d'huile d'olive est utile quand on compte avoir une bonne descente. Et puis j'ai contextualisé. Ca ne pouvait pas s'adresser à Nicolas : il ne prend jamais la ligne 8.
Donc, si je comprends bien l'injonction niaiseuse, il s'agit de penser à se lever quelques secondes avant que la porte s'ouvre, mais surtout avant que celle-ci ferme, afin que ma sortie se déroule avec succès. Heureusement que la RATP a prévu un sticker rose parce qu'avant, je ne comprenais pas pourquoi je n'arrivais jamais à descendre à la bonne station en restant assise jusqu'à la suivante.
Non mais dites-moi que ce n'est pas vrai.
C'est quoi l'histoire ? La ratp a eu trop de plaintes d'usagers restés coincés dans leur strapontin faute d'avoir préparé leur sortie ? Ou s'agit-il de nous avertir que si nous nous y prenons trop tard, nous augmentons le risque que les passagers organisent une sombre vengeance en formant une masse infranchissable pour nous retenir prisonnier, puis en scandant, yeux exorbités et bras en avant, "t'avais qu'à préparer ta sortie !"?
C'est peut-être pour ça que depuis je suis de mauvaise humeur.
(lui) - "(...) C'était une maison avec un grand toit - tu sais, le truc qui couvre les maisons au-dessus des murs - vraiment bien située et...
(moi) - C'est quoi une maison ?
(lui) - Hein ?
(moi, doigt pointé vers lui) - Ne fais pas l'innocent ! Tu viens de m'expliquer ce qu'était un toit ! "
Je fis la tête jusqu'à ce qu'il trouve une raison valable pour expliquer ce qui pouvait lui faire penser qu'à 30 ans j'ignorais tout du mot "toit".
C'est même pas pour ça que depuis je l'ai quitté.
Ces temps-ci, mon état de sachantophobe s'aggrave. Les objets s'y mettent. Oui je sais, j'avais déjà hurlé ici à quel point un emballage explicitant, schéma à l'appui, comment découper un pain au lait en deux m'avait un jour laissée perplexe. Je l'avoue : la vue d'un dessin représentant un pain au lait avec deux flèches, montrant les directions contradictoires des forces qu'il s'agit d'opérer sur ladite viennoiserie afin de la scinder en deux parties tartinables, m'angoisse.
C'est même pas pour ça que depuis je mange des céréales.
Remarquez, quand je lis sur leur emballage "Chez Machin, nous pensons que nous devons à la nature autant que nous lui prenons", mon esprit divague vers de drôles de scénarios où, après avoir ingurgité mon bol de céréales complètes "avec de vraies fraises" même pas en plastique (oui, c'est écrit en gros), je pars me flinguer au milieu d'un champ de blé afin de faire don de mon cadavre à la nature grouillante et lui exprimer ainsi une gratitude équitable.
C'est même pas pour ça qu'hier j'ai pris le métro.
Horreur : après avoir été accueillie au son de l'inénarrable slogan "Attentifs ensemble : attention, votre voisin est peut-être en train de vous piquer votre téléphone portable. Be carefull please, your neighbourg may be your ennemy. Achtung, etc.", je fus agressée par un sticker posé sur la vitre de mon wagon.
Le serinage auditif sur la dangerosité des lieux, ça a encore un côté jeu télé : lors des diffusions, on s'observe tous durant deux secondes avant de baisser les yeux, limite déçus de pas avoir trouvé où se cache Charlie le pickpocket. Mais le conseil imprimé en rose et blanc sur un autocollant en forme de bulle de bande dessinée pour signifier que oui, on est en train de nous causer, pitié ! Voici la réflexion philosophique que je pus y lire : "Préparer ma sortie facilite ma descente".
Au début j'ai pensé à Nicolas qui doit certainement préparer ses sorties à la comète. On dit que boire une cuillérée d'huile d'olive est utile quand on compte avoir une bonne descente. Et puis j'ai contextualisé. Ca ne pouvait pas s'adresser à Nicolas : il ne prend jamais la ligne 8.
Donc, si je comprends bien l'injonction niaiseuse, il s'agit de penser à se lever quelques secondes avant que la porte s'ouvre, mais surtout avant que celle-ci ferme, afin que ma sortie se déroule avec succès. Heureusement que la RATP a prévu un sticker rose parce qu'avant, je ne comprenais pas pourquoi je n'arrivais jamais à descendre à la bonne station en restant assise jusqu'à la suivante.
Non mais dites-moi que ce n'est pas vrai.
C'est quoi l'histoire ? La ratp a eu trop de plaintes d'usagers restés coincés dans leur strapontin faute d'avoir préparé leur sortie ? Ou s'agit-il de nous avertir que si nous nous y prenons trop tard, nous augmentons le risque que les passagers organisent une sombre vengeance en formant une masse infranchissable pour nous retenir prisonnier, puis en scandant, yeux exorbités et bras en avant, "t'avais qu'à préparer ta sortie !"?
C'est peut-être pour ça que depuis je suis de mauvaise humeur.